Au cœur de la démarche psychothérapeutique se trouve une question fondamentale, souvent implicite, qui anime la quête de toute personne en souffrance : comment devenir ou redevenir l'auteur de sa propre vie ? C'est ce cheminement intime et complexe que nous appelons le processus de subjectivation.
Il ne s'agit pas simplement de se sentir mieux, mais de se relier à soi-même, de réunir les morceaux de son histoire pour enfin se vivre comme un "Je" unifié et incarné.
Cet article, inspiré de mon mémoire de praticienne en psychothérapie et sophrologue, vous propose d'explorer ce processus essentiel, où le corps et la psyché dialoguent pour nous permettre d'advenir à nous-mêmes.
Popularisé par des psychanalystes contemporains comme Steven Wainrib, le concept de subjectivation désigne le processus par lequel un être humain devient un sujet, capable de se penser et de se nommer comme tel. Loin d'être un état donné d'emblée, c'est une conquête permanente qui se joue à l'interface de notre monde intérieur et de nos relations aux autres. Elle comporte deux dimensions indissociables :
En psychothérapie, nous entendons la demande d'aide, au-delà du symptôme, comme l'expression d'un désir profond de (re)trouver un sens de soi, une place où cette appropriation peut avoir lieu.
Le sentiment de soi n'est pas inné ; il se construit. Dès les premiers instants de la vie, c'est la relation à l'autre, principalement la figure maternelle, qui organise notre structuration intrapsychique. Le bébé a besoin de la subjectivité de sa mère pour penser ses propres perceptions. Cette fonction, que le psychanalyste W.R. Bion nomme la "fonction alpha" dans son modèle du "contenant-contenu" (Aux sources de l'expérience 1979), est cruciale pour transformer les angoisses brutes du nourrisson en éléments représentables. C'est dans cet échange intersubjectif que s'enracine notre capacité à nous différencier.
Lorsque cette relation précoce est marquée par des défaillances, le processus de subjectivation est entravé.
C'est ce que j'ai pu observer en clinique, lors de mon stage au CHPG :
Sigmund Freud nous l'a enseigné dans son ouvrage Le Moi et le Ça : "Le Moi est avant tout un Moi corporel". Notre psychisme s'étaye sur nos sensations. C'est ce que Piera Aulagnier a exploré avec la notion de "pictogramme" (La violence de l'interprétation 1975), ces premières traces psychiques issues de l'expérience corporelle. De même, Françoise Dolto a montré l'importance de "L'image inconsciente du corps 1984" dans notre structuration. C'est pourquoi une approche qui allie la parole à une médiation corporelle comme la sophrologie est si pertinente.
Fondée par Alfonso Caycedo, la sophrologie permet de :
L'expérience clinique le confirme :
Le processus de subjectivation s'initie à l'aube de notre existence, mais il est le travail de toute une vie. Chaque étape, chaque épreuve, chaque rencontre nous confronte à nouveau à cette nécessité de nous approprier notre histoire pour nous sentir exister pleinement.
La psychothérapie, enrichie par des outils comme la sophrologie, offre un espace privilégié pour cette (re)conquête de soi. Elle permet, dans le lien transférentiel, de rejouer et de réparer ce qui n'a pu s'inscrire harmonieusement, pour que le sujet puisse enfin advenir, en son nom propre. C'est permettre à l'être de développer ses capacités à vivre, en lien avec autrui, au sein de sa propre vie psychique.
*: Les prénoms ont été modifiés afin de préserver l'aspect confidentiel de ce travail.
La subjectivation est le processus par lequel une personne devient sujet de sa propre vie. En psychothérapie, elle permet de se relier à soi, de donner sens à son histoire et d’unifier corps et psyché.
Il ne s’agit pas seulement d’aller mieux, mais de se vivre comme un « Je » incarné. La subjectivation favorise l’autonomie psychique, la symbolisation et la capacité à entrer en relation.
Le corps est le socle de la construction psychique. Grâce à des approches comme la sophrologie, la personne peut réinvestir ses sensations, contenir l’angoisse et relancer sa capacité d’élaboration psychique.
La psychothérapie offre un espace sécurisé où se rejouent les manques précoces. Dans le lien transférentiel, le sujet peut réparer, symboliser et advenir à lui-même de manière unifiée.
⊕ VISITER (Sophrologie existentielle) : Sophrologie et transformation intérieure : réinvestir le corps
△ RECTIFIER (Psychothérapie et subjectivation) :Une posture psychothérapeutique au croisement de plusieurs langages
⊙ TROUVER (Résonances symboliques, Jung) :La synchronicité : quand le hasard a un message pour vous
Bien à vous,
Rachel... Sur les Chemins de VITRIOL